Les Mémoires Libertines de Sophie de R.
Pour changer, un petit récit très "soft"...
Gabrielle ose ouvrir une fenêtre et puis… c’est un étonnant fantasme qu’elle libère. Pour le plus grand plaisir de Fabien.
« Comme c’est drôle, toutes ces femmes qui se montrent à moitié nues sur Internet », avais-je juste dit… Depuis qu’on était devenus accros aux séries, Fabien et moi passions nos soirées devant notre ordinateur. Mais, à chaque fois, je ne sais pas pourquoi, dès qu’on se connectait à un site de streaming, au moins trois ou quatre fenêtres pop-up s’ouvraient sur des femmes nues, des jeunes, des vieilles, des grosses, des minces, qui posaient en culotte.
Je trouvais ça curieux… Pas Fabien. Lui trouvait ça excitant. Fermait les fenêtres de plus en plus lentement pour voir comment je réagissais. Et, à mon grand étonnement, je réagissais assez bien… J’étais curieuse. Qui étaient ces femmes ? Que se passait-il si on allait sur un de ces sites ? J’avais envie de cliquer. Et de le faire à deux, de voir comment Fabien me regardait rajoutait à l’excitation.
Alors je l’ai fait. Une fois, comme ça, comme une blague. Fabien en était surpris et je crois assez tendu. Rien qu’en appuyant sur un bouton, j’avais l’impression de nous plonger dans « 9 semaines et 1/2 ». Je sautais sur mon homme comme ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Évidemment, derrière, l’ordinateur s’était ouvert sur un site porno des plus glauques, mais qu’importe, on a refermé l’écran et, chacun de notre côté, je crois qu’on s’est fait un film des plus chauds dans notre tête.
Le lendemain, on a regardé notre épisode comme si de rien n’était, sans plus jamais recliquer sur ces images. Mais elles nous trottaient dans le crâne. On y repensait, on se regardait sans vraiment oser, l’envie était venue. De quoi ? J’allais bientôt le savoir. Au mois de juin qui a suivi, Fabien et moi avons été invités chez des amis en Provence, pour un long week-end de pré-vacances, dans une maison que le propriétaire venait d’acquérir. La piscine n’était qu’un projet sur la pelouse, et le grenier était en train d’être retapé afin de servir de dortoir pour les enfants l’été. Il y avait donc des ouvriers.
Dans le train pour Avignon, je me suis surprise à rêver d’eux… Je les imaginais musclés et beaux comme Brad Pitt, je les voyais transpirer avec ces immenses poutres à l’épaule et se rincer sous le tuyau d’arrosage du jardin en nous regardant faire l’amour, Fabien et moi, avant de se joindre à nous dans une étreinte brûlante au soleil. En me réveillant de mon rêve semi-éveillé, j’avais l’impression d’avoir franchi une frontière. Je regardais chacun de mes voisins de wagon en me demandant : et devant lui, oserais-je ? Et avec lui, peut-être ? Ça ne me gênait plus d’y penser.
Fabien était à côté de moi, je ne voulais pas le tromper, je voulais qu’on nous regarde. Et, d’un coup d’un seul, à cause d’une fenêtre ouverte un soir sur un fantasme, il me semblait que cela devait arriver.
Fabien a tout de suite vu à ma tête qu’il y avait un truc bizarre. A ma tête et à ma façon de laisser traîner ma main sur sa cuisse. Mais quand le contrôleur est arrivé, je me suis remise droite comme un i. Je n’étais pas encore prête… Il m’a fallu deux coupettes de champagne au wagon-bar pour lui avouer en riant que je me demandais si pourquoi pas, une fois, si jamais, on nous voyait, qu’est-ce qu’il dirait ? Il dirait oui !
Nous sommes retournés nous asseoir à notre place dans un état second. A s’embrasser à chaque plateforme, à s’arrêter devant la porte de chacune des toilettes en hésitant à y entrer. Finalement, on est allés jusqu’au bout du train, mais, à chaque fois, il y avait du monde, on trouvait difficile de se glisser ensemble dedans.
C’est donc chauds comme la braise qu’on a retrouvé nos places. Fabien et moi regardions tout le monde : et lui ? Elle ? Eux ? Dès que quelqu’un passait, on le détaillait avec des yeux si gourmands qu’on devait avoir l’air d’un couple ultra-lubrique. Mais on n’a pas trouvé nos spectateurs. Nous avons loué une voiture et, sur le chemin de la villa, c’est devenu un sujet d’analyse. Pourquoi ? Que voulions-nous en réalité ? Était-ce le début d’une lente descente, allions-nous finir par nous précipiter sur la première femme de ménage venue dans un Hilton ? En arrivant devant la maison, j’avais même peur d’avoir envie de ma vieille copine ! Je regardais son mari avec appréhension. Et si je me jetais sur lui dans un moment de griserie ? Si lui pensait la même chose que moi ?
Quand il a dit : « Allez vous changer pour vous mettre plus à l’aise », je me suis demandé s’il y avait un message codé. D’autant qu’ils nous avaient, dirent-ils, préparé une surprise. C’est quand on a vu de quoi il s’agissait en réalité – du caviar rapporté d’un voyage en Russie – qu’on a compris. On était déçus. Il fallait qu’on passe à l’action. C’était trop fort, trop obsédant. Cette nuit-là encore, nous avons fait l’amour comme des sauvages, un peu partout dans la chambre, en imaginant que le jardinier avait placé des caméras...
Mais ce sont les voisins qui nous ont surpris. Nous avions laissé la baie vitrée grande ouverte, et n’avions pas pensé que, de l’autre côté de la haie, à la fenêtre d’en face, deux silhouettes nous observaient dans l’ombre. C’est leur respiration, leur souffle de plus en plus fort qui faisait écho au nôtre, qui nous avait alertés. J’avais peur, et terriblement envie à la fois.
Fabien m’a regardée, je n’ai rien dit… il a rallumé la lumière. Un instant, je me suis sentie ridicule –allait-on être notés le lendemain pour nos figures comme au patinage artistique ?–, je n’étais plus à l’aise, mais lui me guidait, et je ne saurais dire ce qui me rendait folle dans ces regards que j’imaginais sur moi, mais je me suis rarement sentie aussi fiévreuse. Au petit matin, nous étions comme groggy.
Nous avons entendu démarrer la voiture de nos amis, partis au marché acheter deux ou trois choses pour la maison. La baie vitrée était toujours grande ouverte, et, en face, à quelques mètres, la fenêtre de la chambre des voisins était ouverte, elle aussi. Je me souviendrai toujours du regard de Fabien, quand il a ôté les draps, et m’a fait venir sur lui. Si on recommençait là au grand jour, c’était sans équivoque. J’obéissais. Je voulais savoir jusqu’où il était prêt à aller, lui, et lui voulait me tester moi. Je me souviens que je tremblais. D’excitation, de peur. Je guettais les bruits.
Mais ce sont leurs visages que j’ai vus. Un couple d’une trentaine d’années, leurs yeux rivés sur nous. Un instant, j’ai eu envie de me lever et m’enfuir. Mais une autre part de moi aimait ce moment. Fabien les avait vus, lui aussi. Il m’a renversée en arrière et là, je les ai regardés. Enfin, je les ai devinés plutôt, dans le flou de l’ivresse, je me suis mise à me caresser les seins, c’était follement excitant. Ils étaient jeunes, je me souviens que l’homme avait les cheveux mi-longs retenus par un serre-tête qu’il s’est mis à sucer en me fixant.
J’éprouvais une peur mêlée de désir qu’ils viennent aussi. Mais, heureusement, ils sont restés en arrière, Fabien me protégeait contre ce qui aurait pu devenir un film porno trop bizarre. Puis ils se sont mis à faire l’amour eux aussi… C’était étrangement doux, d’atteindre des sommets ensemble, étrangement fort. Mais je dois dire que, depuis, je n’ai plus jamais reparlé à nos amis sans rougir !
Michaëla Noury - Elle.fr
Tu as tout à fait raison, c'est très agréable à lire...
Quel beau récit ! La naissance puis la réalisation d'un fantasme... c'est toujours merveilleux ! Certains restent au stade des fantasmes, d'autres les vivent avant d'aller explorer d'autres "contrées"...
Le tout est de savoir s'il faut passer à l'acte.. ou pas !
c'est très joliment écrit.
J'aime beaucoup cette façon hésitante d'emprunter la voie qui mène à la réalisation d'un fantasme