Les Mémoires Libertines de Sophie de R.

On dit souvent que porter un coquillage contre son oreille permet d'entendre le bruit de la mer. Quand je porte le con de Marilou à mes lèvres et que le goût salin de ses fluides envahit ma bouche, quand elle serre ses cuisses contre mes oreilles, quand elle pose délicatement ses talons sur mes épaules, j'entends le bruit du bonheur. Un bonheur spontané, gratuit, immédiat, rugissant dans son sang comme un éclat de rire dans la tempête.


Chaque fois que ça se produit, je souris, puis je pousse goulument ma langue en elle, tout empressée que je suis de me délecter de ses saveurs intimes et marines. Et lorsque je ne puis m'enfoncer davantage, lorsque je touche finalement le tréfonds de son âme, mes mains glissent, paumes plates et lisses, le long de la douce chair qui s'étend des profondeurs de ses fesses aux vallons légers de ses genoux. Ensuite, je m'accroche à elle, j'écarte ses cuisses, je soulève ses hanches pour laisser ma bouche migrer lentement vers le sud, vers le soleil obscur de son cul, vers cette plage plissée de dunes aux exhalations épicées et enivrantes.

Si ses mains sont libres - ce qui n'est pas souvent le cas -, Marilou laisse alors danser amoureusement ses doigts fins dans ma chevelure, empoignant et repoussant mes cheveux suivant les retraits et les insertions de ma langue, agaçant ma nuque de ses ongles de corail. Mais comme elle préfère avoir les poignets solidement liés bien au-dessus de sa tête, je me contente la plupart du temps des frémissements saccadés de son corps, des ondulations langoureuses de son ventre, de ses hanches qui tanguent comme un radeau à la dérive sur une mer démontée.

Chuchotements, d'injonctions et de supplications, de litanies et de blasphèmes. Alors, dans une pentecôte luxurieuse et perverse, elle me parle en langues, frappée par l'esprit saint des débauchées, transfigurée par le plaisir bestial des anges et me décrit sa jouissance dans une glossolalie érotique, charnelle. Mais comme elle préfère être bâillonnée, je me contente la plupart du temps de ses soupirs, de ses gémissements, des gargouillis baveux de sa gorge, ou encore de son regard suppliant, baigné de douces larmes en perles de joie sur la houle de sa jouissance.

Je crois que c'est T.S. Eliot qui a écrit que « L'homme ne peut prendre trop de bonheur »... à moins que ce soit « trop de vérité » ? Je ne saurais dire, surtout lorsque Marilou laisse perler son bonheur sur ma figure, lorsqu'elle projette à la ronde la pluie fine et poisseuse de ses ardeurs vénériennes. Mais puisque je ne suis pas un homme, je prends mon bonheur où je peux et c'est là ma seule vérité.

On dit souvent que porter un coquillage contre son oreille permet d'entendre le bruit de la mer. Quand je porte le sein de Marilou à mon oreille, qu'elle ouvre tout grand ses bras et qu'elle me presse tout près de son cœur, j'entends le bruit du bonheur.

 

Anne Archet

Ven 4 aoû 2017 2 commentaires

Je suis fan des écrits d'Anne Archet depuis bien des années (site Internet, livre...). J'apprécie autant son style alerte et son humour que l'érotisme qui s'en dégage. Il n'est nul coquin qui ne peut l'ignorer!

Emile - le 04/08/2017 à 11h25

Merci de lui rendre ainsi hommage. ...

Bises libertines...

Sophie de R.

Très beau récit d'un amour féminin tout en tendresse et sans vulgarité. J'en redemande

Milène

Milenetyv - le 04/08/2017 à 18h43

Merci,  et dès  que possible.... ☺

Sophie de R.