Les Mémoires Libertines de Sophie de R.
C’était une nuit de pleine lune. Le vent soufflait dans les arbres et l’on devinait au loin de lourds nuages prometteurs de pluie. Ma voiture était en panne, sombre masse métallique au bord de la route, et pas un seul véhicule n’était passé depuis un bon moment. Je devais agir vite, sous peine de rester toute la nuit piégé au milieu de cette forêt. J’entrepris donc de longer la route nationale, afin de trouver une aide quelconque, une maison, un téléphone, une voiture ou que sais-je ?
Après un certain temps d’une démarche à vive allure, je tombai sur un chemin de traverse, où un vieux panneau de bois usé annonçait : « L’Hôtel de la Forêt -2 kms ».
Le chemin était sombre et peu entretenu, je m’engageai malgré tout un peu inquiet. Mais l’on m’attendait de façon pressante à mon bureau, et j’étais bien décidé à tout tenter pour rentrer au plus vite.
Peu à peu, une nuit noire s’installa et ma progression se fit de plus en plus difficile. La nuit, les arbres, les bruits, le chant du vent dans les feuilles, tout cela confortait mon incertitude. J’entendis bientôt des éclats de voix, des cris de fête ou de joie. Cela me rassura, et je renforçai mes pas. Le sentier s’ouvrait sur une clairière au milieu de laquelle brûlait un énorme feu de bois. Des personnes habillées de longs voiles blancs qui ondulaient dans le vent dansaient en cercle autour du feu. J’entendais des éclats de rire et les notes d’une musique légère. Je m’arrêtai, interdit, me demandant si je n’assistais pas à la réunion d’une secte ou à une étrange cérémonie obscure. Je me dissimulai, prudent, derrière un bosquet épais. Le silence s’installa, un homme couvert d’une chasuble noire prit place sur un billot de bois. Il parla une langue étrange et leva les mains au ciel. Soudain, des éclairs jaillirent tout autour de la clairière éclairant à contre-jour la cime des arbres. Ces jeux de lumière renforçaient l’étrangeté du décor.
A cet instant, tous se dévêtirent et se remirent en mouvement au rythme de tambours africains. Ils ressemblaient à des déesses et des dieux. Les femmes avaient la peau luisante et dorée par les reflets flamboyants. Les seins, au galbe parfait, surmontaient un petit ventre semblant chanter la fertilité. Leurs cuisses étaient fermes et dégageaient toute la chaleur du feu, elles encadraient des triangles humides d’or ou d’ébène. La descente de reins bien creusée plongeait sur les fesses rondes et charnues. Les danses exprimaient la sensualité et la liberté charnelle, sans honte, sans pudeur. On devenait leurs petites poires bien juteuses.
Devant ce spectacle inattendu et fort excitant, mon sexe gonflé, dur comme de la pierre, souffrait de sa prison, la pression était insoutenable. Je ne pus que le libérer en le dégageant de l’oppression de la toile de mon pantalon. Il me semblait énorme et pris d’une fierté nouvelle. La brise apaisait la fournaise qui me dévorait. Jamais je n’avais ressenti une telle excitation... je me découvrais des instincts de voyeur que j’ignorais complètement jusqu’alors. Mon sexe n’avait jamais été si dur, mes sens étaient en éveil maximum.
Les hommes étaient comme sculptés dans du marbre. On voyait leurs muscles jouersous leur peau glabre et satinée. Les épaules étaient larges et carrées, les fesses bien dessinées portaient un dos droit. Les cuisses étaient fortes et solides, et à leurs sommets, trônaient des membres impressionnants aux bourgeons roses et huileux. Des calices d’argent passaient de mains en mains où ils s’abreuvaient avec délectation.
Progressivement, les corps se frôlaient, les caresses se perdaient sans différence de sexe. Devant cette sexualité libre et intense, ma main imprimait un mouvement lent et régulier à mon membre lisse sans que je ne m’en rende vraiment compte. Ma bouche était sèche et mon ventre brûlait d’un feu inconnu. Des couples s’éparpillaient, s’éloignant enlacés, enchevêtrés. La sueur coulait sur mes cuisses, dans mon dos, entre mes fesses. Je n’étais plus qu’un désir en fusion.
Soudain, des rires cristallins surgirent derrière moi. Je me retournai et me retrouvai face à trois déesses libertines. Sans la moindre hésitation, elles s’emparèrent de moi, de mes vêtements, les jetèrent dans les fourrés voisins. Je me laissai faire, pantin désarticulé au sexe dressé comme un sabre.
Leurs bouches affolantes se jetèrent comme des caresses de pétales sur tout mon corps. Pas un endroit ne fut épargné, je ne pouvais plus bouger ou réagir, seuls des sons étranges s’échappaient de ma bouche, incontrôlables. Ma peau hurlait, mes mains planaient sur leurs corps nus et toutes me chapeautèrent, câlinèrent ma queue de lave. Elles ne me laissaient pas une seconde de répit, et malgré tout, je faisais le maximum pour me retenir et profiter à fond de ce rêve éveillé… Leurs bouches butinaient sans relâche ma bite dure et avide… Parfois, l’une d’elle venait s’empaler brièvement sur mon dard, et je sentais son nectar couler sur mes cuisses. Une autre caressait et dévorait mes testicules hypertrophiés, et une troisième mangeait ma bouche desséchée… Sans que je m’y attende, l’une d’elle vint s’assoir sur mon visage, et je gobai ces lèvres intimes et gonflées. Sa sève coulait sur mes joues et m’excitait encore plus.
Mes sens explosaient et bientôt, malgré moi, la sève blanche fusa comme jamais avant, en un feu d’artifice tandis qu’on portait à mes lèvres un calice dont on me fit vider le contenu. Ma jouissance fut énorme, phénoménale, irréelle... Je fermai les yeux un instant, et quand je les rouvris, il n’y avait plus personne. Ne sachant pas si pas j’avais rêvé ou pas, je m’endormis comme une souche.
Je me réveillai à l’aube, nu, parmi les feuilles, taché de terre et d’humus. Il ne restait aucune trace de la fête enchantée de la veille. Le seul souvenir visible était une large trainée de sperme blanc sur mon ventre… Après avoir récupéré mes habits, je m’en allai en titubant de fatigue. Enfin, sur la route, je rencontrai un automobiliste qui me permit de rejoindre mon bureau.
J’ai souvent tenté de retrouver l’endroit de cette expérience magique, mais sans grands succès, je dois l’avouer. Si bien que parfois, je me demande si je ne l’ai pas simplement rêvé...