Les Mémoires Libertines de Sophie de R.

Aie, aie, aie !!! Il en est tombé… ah oui, facile cinquante centimètres de toute la nuit… Pour un Noël blanc, cela va être réellement un Noël blanc cette année. Cela faisait bien longtemps que les cimes alentours ne s’étaient pas couvertes de ce blanc manteau pour la Noël, bien vingt ans, au moins, aux dires des anciens. Et on dit que le terre se réchauffe ! Moins dix au thermomètre ce matin à 8h00, c’est dire si ça doit cailler les miches par là.

Par ma fenêtre, je vois une file ininterrompue de véhicules roulant au pas, certains glissant en tout sens, d’autres ne parvenant pas seulement à décoller. On n’a pas idée de prendre sa bagnole par un temps pareil. Les rares passants dans la rue sont emmitouflés comme au pôle nord, se protégeant comme ils le peuvent des épines du froid intense qui règne au dehors. Et là, je me pense : « qu’est ce que tu es bien, chez toi, au chaud, devant cette superbe flambée ! »

J’en suis déjà à mon quatrième café pour la matinée. Et il y en aura sûrement deux fois autant jusqu’à ce soir. Et après je me plains que je fais des bonds dans le lit toute la nuit et que le matin, je suis réveillé avec des yeux en forme de bille à moins de quatre du mat’, va falloir que je fasse un sérieux effort de ce côté-là … un de ces jours !

Ma foi, je ne dérange personne, je vis seul, pas de femme, pas d’enfant, rien que la solitude pour me tenir compagnie. Alors, changer ? Pour qui ? Pour quoi ? Bon, ce n’est pas le tout, mais va quand même falloir que je sorte de ma tanière, il me reste quelques courses à faire avant que les magasins ne soient pris d’assaut, comme de coutume, juste quelques heures avant le réveillon.

Mon réveillon ? Ce sera vite expédié, vous pouvez me croire. Quand on est seul à manger, on ne fait pas dans les fioritures. Cela dit, je ne vais rien me refuser, mangera toujours été pour moi un réel plaisir. Alors, le menu : foie gras du Périgord sur toast, pâté de lorraine en croûte aux champignons forestiers, truite meunière à ma façon, bûche glacée, café et petit pousse pour digérer l’orgie papillonnaire. La cerise sur le gâteau, c’est que je prépare tout moi-même … au moins je sais ce que je mange ! J'ai beau n'avoir que 19 ans, mais la bouffe pour moi, c'est sacré.

Bon, c’est décidé, je sors avant d’être pris dans la marée humaine des attardés de préparation de réveillon. Çà va, je n’ai pas loin jusqu’à la grande surface du coin, environ quatre cent mètres, mais avec la couche de neige qui encombre les trottoirs, cela va relever de la course de fond en raquettes.

Bon sang, c’est vrai qu’on se les pèle dur ! Le froid mordant me lacère le visage. Heureusement que ma parka me protège au maximum, je finirais bien par ressembler à un esquimau congelé.

Rhaaa, c’est toujours la même chose, on se dit qu’on va faire trois courses et on revient avec le caddy complet …. Enfin, pour ce qui me concerne, ce n’est qu’un sac à provision, mais tout de même, c’est lourdingue. Malgré le froid, je commence à transpirer et à souffler comme un phoque en rut…. On ne peut pas impunément fumer plus d’un paquet de clopes par jour à minima et n’en pas souffrir. Ca aussi, faudrait que j’y mette la pédale douce !

Brrrrr !! Ça fait du bien de se retrouver au chaud chez soi. Plus question de sortir pour aujourd’hui. Je déballe mes courses, réserve ce dont je vais me servir pour terminer de me mitonner mon petit réveillon en tête à tête avec moi-même et range le reste au frigo. J’en ai bien encore pour trois heures de préparation, mais qu’importe, ça va me passer le temps.

Et voilà le travail ! Tout est prêt, archi-prêt. Je n’ai plus qu’à faire le ménage de mon appartement. Hé oui, je ne suis pas comme certains moi, je n’ai pas de femme de ménage, manquerait plus que cela, une femelle dans ma tanière ! Pas envie qu’elle découvre mes petits secrets de jeune « vieux garçon ». Bon, la machine à laver pour commencer, le tour de la salle de bain … Mon dieu, qu’est ce que je peux être bordélique ! Si ma mère voyait ça, elle me tuerait, c’est sûr. Voilà, la baignoire est nickel, les produits rangés, les serviettes et le linge sale dans la machine, ça ressemble à nouveau à une salle de bain et plus à un champ de bataille.

Au salon maintenant. Là, ça va, comme c’est la pièce à vivre, je la laisse toujours dans un état de rangement et de propreté acceptable, on ne sait jamais, une visite à l’improviste d’un voisin, d’un collègue de travail …

La cuisine, petite mais largement suffisante pour moi, c’est ok, j’ai déblayé au fur et à mesure tout à l’heure. Reste la chambre …. Retendre les draps, replacer les couvertures, ramassez le linge qui traîne à terre, ranger les affaires propres et repassées, zou, vite fait bien fait ! Voilà, en une petite heure, mon appartement a retrouvé un aspect « normal ».

Je me pose dans mon canapé pour un petit moment, un énième café brûlant devant moi sur la table basse. Par la baie vitrée, je peux voir la neige tomber finement. La météo nous a annoncé de nouvelles chutes de neige pour la soirée et la nuit. Gare ! Je pense à ceux qui vont se trouver à l’extérieur de chez eux pour réveillonner, rentrer ne va pas être coton ! La nuit commence déjà à tomber sous le ciel plombé de nuages.

Tiens ! Qui c’est celui-là ? Qu’est ce qu’il a à tourner autour des voitures sur le parking en bas ? Il ne me paraît pas très âgé ! Et vas-y que nonchalamment, avec un petit air de sainte Nitouche, je tourne et tripote les serrures … Hé, mais c’est ma bagnole qu’il entreprend, là !! Ce petit con va m’obliger à sortir par un froid pareil !! Je vais te lui botter le cul moi, lui faire passer l’envie de jouer bêtement.

Non mais, je rêve, là !!! Ah ben, ça y est, il est entré dans ma bagnole. C’est sûr qu’il va me taxer mon auto-radio !!

Fissa, j’enfile ma parka et mes après skis. Trois étages à descendre, j’arrive sur le parking. A pas de loup, je m’approche de ma voiture, coincée entre deux autres. Il a bien choisi le gaillard, comme ça il est à l’abri des regards. Je ne sais pas comment il a pu faire ça, mais le fait est qu’il y est entré aussi facilement qu’un couteau dans une motte de beurre traînant depuis trois jours hors du frigo.

Tiens, c’est curieux, je ne le vois pas ! Serait-il déjà reparti avec son butin ? Ah oui, il est vraiment très fort ce mouflet. Je m’approche de la vitre passager … Surprise ! Mon autoradio est toujours bien en place et … pas trace du gamin ??? Est-il possible que je me sois fourvoyé ? Pourtant, j’ai bien vu la portière s’ouvrir et se refermer sur lui. Un coup d’œil à l’arrière, une forme recroquevillée sous le plaid, il est là ! Je m’interroge ! S’il n’a pas volé, que fait-il là, sous la couverture, à

l’arrière ?

Je ne veux pas l’apeurer, il a probablement une excellente raison de vouloir squatter ma bagnole. Il n’a rien dégradé, du moins en apparence, alors je ne vais pas le brutaliser. Je glisse la clef dans la serrure comme si de rien n’était et j’entre en faisant semblant de n’avoir rien vu de ce qui se cachait à l’arrière. Clef de contact, contact, je mets le moteur en marche, comme si je voulais m’assurer qu’après la neige et le froid intense de la journée, ma bagnole se trouvait encore dans la capacité de démarrer. À l’arrière, pas un geste. Je surveille dans mon rétroviseur intérieur que je déplace subtilement pour avoir pleine vue. J’enclenche le chauffage …

 

Ben oui, je vais quand même pas me cailler les miches pendant que Môssieur se trouve relativement bien au chaud sous la couette !!

J’allume une cigarette. Et j’attends ! La chaleur envahit progressivement l’habitacle … et toujours pas un mouvement à l’arrière, ou si peu ! Au moins une chose est sûre, il est toujours en vie le loustic, et il doit commencer à trouver le temps long. Ma cigarette terminée, je me décide à ne pas prolonger plus que nécessaire la chose. Je crois que je l’ai assez fait flipper comme ça. Il est temps maintenant d’en savoir un peu plus sur mon squatter !
« Tu dois avoir sacrément chaud là-dessous, tu devrais sortir ta tête et respirer un bon coup avant de t’étouffer… »

Pas de réaction ! Je poursuis.
« Tu penses que tu vas passer la nuit dans ma voiture ? Tu te trompes mon gars. Je vais devoir appeler les flics. »

Le mot miracle le fait s’extirper de sous la couverture et me supplier :
« Pas les flics, monsieur, s’il vous plaît, j’vous ai rien pris, j’vous jure ! »

L’apparition dans mon rétroviseur d’un visage rouge pivoine, sur lequel je peux deviner, malgré l’obscurité seulement trouée par la faible lueur du plafonnier, une traînée de larmes, m’émeut. Une gueule d’ange sur le corps d’un jeune démon qui se croit tout permis … Je me retourne pour mieux apprécier la stature du bonhomme. Il tremble de peur et continue de me supplier de ne pas appeler les flics.
« Qu'est ce que tu fais dans MA voiture ?
- J’voulais juste …
- Tu voulais juste quoi … piquer mon autoradio pour te faire un peu d’argent de poche ?
-  Non M’sieur, j’vous jure, j’voulais rien prendre, juste … pouvoir dormir … »

Dormir, simplement dormir ? Le soir du réveillon de Noël ? J’en crois pas mes oreilles. Il se fout de moi ce morpion ! Mais non, plus je le regarde bien en face et plus je le trouve sincère dans ce qu’il me dit. Bon, on ne va pas rester là plus longtemps. Je fais quoi ? Je le vire … Ou je l’invite à monter chez moi, histoire de faire un brin de causette plus à l’aise.
« Je pense que nous serions mieux, au chaud chez moi, pour discuter de tout cela, qu’est ce que tu en dis ?
- …
- Décides toi, c’est ça ou les flics et le panier à salade, je te fais quand même remarquer que si tu veux sortir de cette voiture, il va te falloir repasser par devant et là, ben moi, j’y suis ... alors ???
- D’accord … » finit-t-il par concéder, enjambant le siège passager pour s’installer à l’avant.

Pour être certain qu’il ne se carapate pas par la portière passager, je le prends par le poignet et le tire vers moi, doucement quand même, je ne veux pas le brusquer. Il se laisse entraîner et sort derrière moi. Il referme même la portière sans la claquer !

Docile, il me suit et grimpe les escaliers à mes côtés. Peut être que, finalement, il doit penser que passer la nuit dans une voiture en stationnement, par ce froid, ce ne devait pas être une aussi bonne idée que cela et la perspective de se retrouver dans un appartement, bien au chaud, doit maintenant lui paraître un peu plus séduisante.... Même s’il va lui falloir donner quelques explications.

Je le fais entrer et lui demande de retirer son anorak. Je prends évidemment soin de refermer la porte à clef et … de prendre lesdites clefs dans ma poche de pantalon. Il a suivi mes mouvements et je le vois se crisper.
« N’aies pas peur, je ne te veux aucun mal, c’est juste pour m’assurer que tu ne te tireras pas après m’avoir délesté de mon portefeuille avant que je ne puisse réagir, ça m’ennuierait fortement.
- Mais j’vous jure …
- Oui, je sais, c’est pas ton intention ! Allez viens, passons au salon, on a à causer un peu tous les deux. »

Je lui propose de s’installer au plus près de l’âtre pour qu’il puisse se réchauffer complètement. Puis je lui demande si un chocolat chaud lui ferait plaisir. Il acquiesce. Je vais donc le lui préparer tout en conservant un œil sur lui. Il ne bouge pas et attend très sagement mon retour, tout de même pas très rassuré.

Je dépose la tasse de chocolat sur la table basse devant lui, avec mon énième café. Puis je me pose, assis à même la moquette afin de lui montrer que je suis conciliant et le mettre en confiance. Il doit se trouver un peu couillon sur le fauteuil et me rejoint sur la moquette, plus pratique pour être à bonne hauteur et siroter lentement le chocolat bouillant.
« Comment t’appelles-tu ?
- …..

Mutisme !

- Quand on arrive chez quelqu’un la politesse veut que l’on se présente. Moi c’est Jérôme … Jérôme SERVIER et toi ?

- Loïc !
- Loïc quoi ?
- LETANNEUR !
- Bien ! Alors bonjour Loïc LETANNEUR …. Peux-tu me dire ce que tu fiches le soir du réveillon dehors à vouloir squatter une voiture et particulièrement … la mienne ?
- J’vous l’ai dit, j’voulais juste pouvoir dormir.
- Et pourquoi ne rentres tu pas chez toi pour … dormir ?
- ….
- Tu es en fugue, c’est ça ?
- Oui ! » finit-il par me répondre d’une petite voix fluette en baissant les yeux.

Et bien, me voilà beau, avec un fugueur sur les bras. Et soudainement, il me revient en mémoire cet avis entendu aux infos de la veille, ce garçon qui n’est pas réapparu chez lui depuis … huit jours !! Mais Loïc, ce n’est pas le prénom que j’ai entendu ! Je fouille ma mémoire … ça y est, j’ai retrouvé … Sébastien, 16 ans tout juste, de Marseille … et sa bouille ressemble assez à la photo qui a été montrée. Je veux voir jusqu’où il va aller dans le mensonge.
« Et tu es en fugue depuis quand ?
- Aujourd’hui. J’me suis engueulé avec mon daron et j’ai mis les bouts, y m’prenait trop la tête.
- Et tu habites où ?
- Par là, dans les cités … »

Il ne se démonte pas le gaillard ! Je ne peux m’empêcher tout de même de l’admirer, mentir avec un tel aplomb, chapeau. Bon, faut que je casse ça, sinon, on ne va pas s’en sortir.
« Il y a bien une chose que je veux croire dans ce que tu me dis … Loïc … c’est que tu cherchais certainement un endroit pour dormir et pas forcément pour voler. Par contre, quand on s’appelle Sébastien, qu’on a tout juste seize ans et qu’on se pointe de Marseille après huit jours de cavale … »

Si vous pouviez voir son visage ?

Complètement abasourdi le gaillard, percé au grand jour !! Il s’incline et … c’est reparti pour les grandes eaux. Va finir par me faire chialer s'il continue comme ça lui.
« Je vois que nous sommes d’accord sur la nouvelle version de ton histoire. Allons, sèches tes larmes, je ne vais pas te bouffer. »

Je lui laisse un moment de répit, le temps qu’il digère et se calme. Puis je reprends tranquillement :
« Si tu m’en disais un peu plus de ta réelle histoire, peut être que je réviserais ma position quant à appeler les flics !
- Pas les flics, j’vous en supplie M’sieur, j’veux pas aller en taule !
- En taule ? Mon Dieu, pourquoi irais-tu en taule, on ne met pas des jeunes de ton âge en taule pour une fugue !
- C’est mon daron qui l’a dit que si j’me taille la zone, il me colle les flics au cul et qu’ils me mettraient en taule …
- Ben, je crois que c’était surtout pour te fiche la trouille !
- Z’êtes sûr ?
- À peu près comme deux et deux font quatre. »

Le garçon semble rassuré par ces propos et commence à se détendre. Il s’ensuit une réelle discussion entre lui et moi. Et il se lâche vraiment. C’est ainsi que j’apprends que sa mère les a quitté il y a un peu plus d’un an avec son amant, que son père, devenu alcoolique, rentre tous les jours à la maison complètement bourré et ne cesse de lui gueuler dessus, que sa vie est devenue un tel enfer qu’il s'est résigné à fiche le camp avant que ça ne tourne mal.

Et plus la discussion dure et plus il se rapproche de moi, pour finir entre mes bras, le corps secoué de sanglots. Là, c’est sûr, son histoire tient debout et ses larmes en traduisent la terrible vérité.

Et là, je sens que je vais craquer, que je vais faire la connerie de ma vie !
« Tu as envie de rester ici avec moi ce soir, je serais heureux d’avoir au moins un … invité pour me tenir compagnie ! »

Et voilà, la connerie est faite. Recueillir un garçon en fugue alors qu’il est recherché par toutes les polices de France et de Navarre… il n'en faut pas plus pour s’attirer de sérieux ennuis. D’une autre côté, je ne peux ni le dénoncer et le livrer, moins encore le remettre dans la rue …

Ouais, ben… vous êtes bien malins, vous, vous auriez fait quoi à ma place !! Le trahir, pire l’abandonner ? Mais c’est non assistance à personne en danger ça !!!

Sébastien me regarde comme pour s’assurer que ma proposition n’est pas du pipeau. Je la réitère pour qu’il la comprenne bien. Comment il l’accepte ? Simple… en se pendant à mon cou et en me donnant un bisou sur la joue tout en me remerciant !! J’en suis … tout retourné.

Finalement, sous son petit air canaille et macho, j’ai en face de moi un garçon hyper fragilisé. C’est alors que je commence vraiment à faire attention à lui, à le détailler des pieds à la tête. Il doit faire dans les un mètre soixante cinq à tout casser, une petite cinquantaine de kilos, maigre mais pas chétif, un corps bien proportionné, un visage reflétant encore la douceur de l’enfance dont il semble être à peine sorti, des cheveux noirs de geai, des yeux noisette, un air résolument méditerranéen de toute beauté.

Enfin presque, car je m’aperçois qu’il est aussi crade sur ses habits, ses mains et dans une moindre mesure sur son visage, que le reste doit être à l’avenant. C’est sûr que huit jours de cavale, ça laisse des traces. Je me pose alors la question de sa subsistance ! Il m’avoue avoir fait la manche et avoir rapiné un peu en grande surface pour pouvoir se nourrir.

Parlant de bouffe, je le vois saliver ! Merde, il doit être affamé ce pauvre garçon. De fait, il ne refuse pas les deux belles tranches de cake aux fruits confits que je lui présente et les dévore à pleines dents.
« Dis moi Sébastien, depuis quand ne t’es tu pas lavé ?
- Ben … depuis que je suis parti !
- C’est bien ce que je pensais. Dis-moi, un bon bain, ça te tente ?
- Heu … oui … je veux bien ! »

Pas très rassuré sur ce coup là, l’ami Sébastien. Il doit se demander s’il n'est pas finalement tombé sur un horrible pervers qui va vouloir le violer …
« O.k. Alors, termine tranquillement ton chocolat, je vais te faire couler un bain. Et si tu le souhaites, je passerai tout ton linge à la machine, il est vraiment… très sale.
- Heu… oui, ok … merci ! »

J’abandonne un moment le garçon. Je prépare tout ce qu’il faut dans la salle de bain pour qu’il puisse être tranquille. Je prends donc soin de mettre à sa portée, gant de toilette, serviette, et mon peignoir court.

Ainsi, il sera présentable et ne sera pas trop intimidé de revenir prêt de moi en se trouvant nu sous le peignoir. Je le mène jusqu’à la salle de bain et lui dis de me passer ses affaires en entrouvrant la porte dès qu’il les aura retirées. Il entre et ferme à clef. Je m’y attendais.

Derrière la porte, je peux percevoir le bruissement des vêtements qu’il enlève un à un, puis un tour de clef, la porte qui s’entrouvre, un bras qui s’insinue dans l’entrebâillement avec un paquet informe duquel je remarque de suite qu’il y manque une pièce : son slip ou caleçon !! Je toque et le lui demande.
« Ben c’est que… il est vraiment trop… sale !!
- T’inquiètes pas pour ça, donne-le moi quand même ! »

Une main me tend un slip, taille basse, qui avait du être à l’origine d’un blanc immaculé … Mais là …. Huit jours de campagne !!! Ça bat tous les records, pas étonnant qu’il n’ait pas eu envie de me le donner. Et pour tout dire, il pue ! Il pue la sueur, le pipi et même … ben oui, sans doute pas de papier dans la nature…

Je balance tout ça dans la machine et je la mets à tourner. Un tour dans le sèche-linge et dans trois petites heures, il pourra se rhabiller, s'il le souhaite, et se sentir à nouveau bien dans sa peau.

Je repasse près de la salle de bain, je l’entends barboter … C’est sûr que ce bain doit lui faire rudement plaisir. Tiens, il chantonne même … Un régal de l’entendre ! Je suis heureux pour et avec lui.

Je retourne à la cuisine pour enfourner le pâté à la lorraine. Une petite heure de cuisson et nous pourrons passer à table. Le bain s’éternise. Je repasse devant la salle de bain … aucun bruit. J’appelle tout doucement … pas de réponse … allons bon, j’espère qu’il ne s’est pas noyé ce couillon … je pose la main sur la poignée … s’il a refermé à clef, je suis chocolat, bon pour aller chercher un tournevis et démonter le bazar.

Non, c’est ouvert … Ouf ! J’entre et le trouve … endormi dans le bain, la tête reposant sur son bras en équilibre sur le bord de la baignoire. Pour un peu, je le prendrais bien en photo dans cette posture. Allez, je vais chercher mon appareil … Aller – retour rapide, il n’a pas bougé. Je fais trois ou quatre photos vite fait, sans le flash pour ne pas l’éveiller tout de suite. Je pose l’appareil sur le petit meuble de côté et je me dirige vers lui.

Je ne peux m’empêcher de l’observer encore quelques secondes, admirer ce corps que je devine à peine par transparence dans cette eau plus brune que limpide où la mousse du gel douche n’est plus qu’une ombre par endroit ….

Allez, je dois me décider. Doucement, je lui caresse la joue et l’appelle. Il ouvre les yeux et met quelques secondes à se rappeler de l’endroit où il se trouve.
« Oh pardon, je crois que je me suis endormi, j’étais si fatigué !
- Pas grave Sébastien, prendre un bon bain, c’est d’abord pouvoir se prélasser et se reposer, ça détend. Je te laisse terminer, je vais surveiller le repas. »

Il arrive parfois que le bain soit trop délassant si bien que l’équilibre en devient instable. Je n’étais pas plus tôt à la porte de la salle de bain que j’entends Sébastien s’écraser littéralement de tout son long dans la baignoire, projetant une tonne de flotte à l’extérieur. Il avait du glisser en tentant de se relever. Je me précipite vers lui et le récupère par les aisselles … Il a bu la tasse et tousse comme un pendu. Un petit cri, sa main se dirige vers sa hanche, il a du se cogner fort.
« Tu … enfin, vous pouvez m’aider, je crois que je me suis fait très mal en tombant. »

J’apprécie le dérapage, non pas sa gamelle, son dérapage verbal, ce "tu" qui résonne en moi …

Je l’aide donc à se relever. Putain qu’il est beau et ne semble pas pudique pour deux sous le gaillard ! J’assure la position et l’aide à enjamber la baignoire. Je lui tends la serviette de bain. Mais il se rend compte soudainement qu’il est entièrement nu devant moi et pique un fard de première. Je révise mon jugement un peu hâtif et comme je ne veux pas ajouter au malaise, je sors de la salle de bain en lui désignant le peignoir dont il pourra se couvrir une fois séché.

Depuis la cuisine, je l’entends remuer dans les tiroirs à la recherche d’une brosse ou d’un peigne sans doute. Puis je l’entends se laver les dents et comme je n’ai qu’une brosse … c’est qu’il se sert de la mienne !!!

Le voici qu’il me rejoint dans la cuisine. Même court, mon peignoir lui descend presque à mi-mollets et le pan de devant se retrouve pour partie dans son dos. Il est si fin … pas tout à fait comme moi qui suis un peu… enrobé ! En même temps, serré comme il est à l’intérieur, je devine la jolie protubérance entraperçue tout à l’heure sur le devant ainsi que le galbe admirable de ses fesses. Bon sang de bonsoir, il est d’un sexy comme ça … Je dois avoir un air superbement idiot à m’extasier ainsi devant lui car il me regarde bizarrement.

Je descends de mon petit nuage, bredouille un truc comme : « ça va être prêt, installes toi à la table du salon ». Il tourne les talons et s’y dirige en boitillant légèrement.

Et là, je me prends au jeu du Maître d’Hôtel… « Monsieur est servi ! Monsieur désire t’il un verre de vin (juste trois gouttes hein !) ! Monsieur apprécie t’il le menu ? » … Il rit à gorge déployée à chacune de mes pitreries … Comme je suis heureux de le voir rire d'aussi bon cœur.

C’est drôle, ça ne fait pas trois heures qu’il est là, chez moi et j’ai l’impression que nous vivons ensemble depuis toujours … Une impression qu’il semble bien partager. Mon Dieu, comme il va être dur de nous séparer après cela !!

Une petite goutte de champagne pour terminer la soirée. Sébastien est aux anges et moi … je ne sais plus où je suis. Reste un léger détail à régler… le couchage ! Alors, je lui prépare un lit à même le canapé. Il me regarde faire. Je lui concède l’un de mes oreillers, puis je lui conseille de conserver sur lui le peignoir, il aura ainsi plus chaud car la cheminée ne donne plus tellement de chaleur à présent. En s’allongeant dans ce lit de fortune, je le vois grimacer.

« Tu as mal ?
- Ouais, j’ai pris une belle gamelle tout à l’heure, j’crois que j’dois avoir un sacré bleu. »

Et tout en me disant cela, il remonte le peignoir jusqu’à la hanche, découvrant par là même ses si jolies fesses qui me font inévitablement fantasmer. En effet, le coquard est beau, déjà bien violacé. Je vais chercher une pommade dans mon armoire à pharmacie et lui propose de se masser avec jusqu’à ce qu'elle ait bien pénétré.
« Tu peux me le faire ?
- Si tu veux ! Ça ne te gène pas ?
- Non, non vas y ! Je ne suis pas… trop pudique. »

Vous aurez remarqué, bien sûr, que le " vous " est définitivement abandonné au profit du " tu ". Alors je lui dépose une belle noix de crème sur la hanche et commence à le masser en douceur. Ses grimaces me font bien voir qu’il a réellement très mal, un bel hématome en perspective qui va durer un bon moment.

Le sommeil a raison de lui avant même que la pommade n’ait entièrement pénétré sa peau. Je rabats le peignoir et le couvre du drap et de la couverture, puis lui dépose un baiser furtif sur la joue, lui murmurant à l’oreille un « bonne nuit petit lapin apeuré ». J’éteins la lampe et me dirige vers mon lit….

Un ange dort, pas loin de moi, la vue de son visage reposé et serein dans son sommeil soudain va accompagner mes rêves.


Au milieu de la nuit, je sens mon drap se soulever, un corps s’insinuer tout contre moi avec précaution, infiltration digne d’un sioux, se pelotonner contre moi, passer un bras en travers de ma poitrine, la tête au creux de mon épaule, un soupir de soulagement après tant d’efforts pour ne pas m'éveiller, le souffle qui redevient profond et régulier … je suis heureux.

Je me rendors presque aussitôt en serrant un peu plus contre moi ce corps doux et chaud.


Au petit matin, je m’éveille le premier et, sous mes yeux ébahis, je le vois tout à côté de moi, couché sur le ventre, le peignoir en vrac remonté presque à hauteur de ses omoplates, les fesses à l’air pour cause de drap repoussé dans son sommeil, la jambe droite repliée devant lui, laissant apparaître son attirail de jeune adolescent presque au grand complet … Je n’y résiste pas.

Me levant avec précaution, je vais me saisir de l’appareil photo, lequel a beaucoup servi la veille tout au long de la soirée, et là, je le prends sous toutes les coutures dans cette posture de complet abandon. Génial, cet appareil, qui me permet de le photographier sans utiliser le flash à la seule lueur des premiers rayons du soleil.

Puis je me recouche tout aussi discrètement, du moins le croyais-je, car Sébastien se tend à côté de moi, pivote sur lui-même, ouvre un œil, me voit, me sourit, se blottit contre moi, referme l’œil, cale sa tête au creux de mon épaule, passe son bras en travers de ma poitrine et reste ainsi quelques minutes sans bouger. Je sais, à sa respiration, qu’il ne dort plus. Sans doute juste l’envie de prolonger un petit moment encore de douces sensations de bien être.

Dans son pivotement, le peignoir est resté derrière lui, ce qui fait que je peux sentir son corps entièrement nu contre moi, que je peux sentir son sexe prendre de l’ampleur contre ma cuisse. Sans doute s’en rend t'il compte car il se dégage un peu de moi, probablement par peur d'une éventuelle réaction négative de ma part.

Si tu savais mon petit ange comme j’aime à sentir ton corps tout contre moi, même ton si joli sexe que je sens maintenant poindre et prendre tout son essor, ta respiration plus courte m’indiquant un certain degré d’excitation que tu ne parviens plus tout à fait à contrôler.

Alors, pour bien te faire comprendre que ton érection est un ravissement pour moi, je pose le bras sur lequel repose ta tête le long de ton dos et je viens flatter le haut de tes fesses, je laisse l’un de mes doigts s’insinuer dans ta raie tiède et légèrement moite, et je pousse, doucement pour que tu te colles à nouveau tout contre moi… Tu ne résistes pas longtemps à cette pression …

Ton sexe vibre au contact de ma peau, je le sens palpiter contre ma cuisse. Et ce mouvement de ton bassin que j’encourage et affermit, que j’accompagne en venant maintenant te caresser tendrement le visage, les cheveux … ton souffle qui prend de l’ampleur, ton haleine chaude comme la braise qui se répand sur ma poitrine, ta main qui me palpe les pectoraux, les tétons, qui s’y agrippe, me les triture…

Déjà, tu n’es plus là, tu grimpes de plus en plus haut, vers des nuées si délicieuses en lesquelles tu t’abandonnes en te crispant tout entier contre moi, entièrement accaparé par ta jouissance en devenir …. Et ce jus de jeune mâle qui s’écoule par saccades et s'écoule sur ma cuisse, chaud et savoureux comme du miel, un ultime soupir accompagne ton abandon, et puis l'apaisement, le relâchement total ….

Enfin le retour à la réalité, la conscience de ce qui vient de se produire et ton visage sur lequel je peux lire à présent la honte, voire même la peur, peur de ma réaction, peur d’avoir peut être gâché quelque chose, peur de te voir retourner dans la rue, pire, d’être livré aux flics …

Petit lapin apeuré, je te prends dans mes bras et te serre fort en te murmurant les mots les plus doux de la terre pour que ton corps et ton esprit cessent de se torturer, je te dis comme je t’aime, comme je suis heureux que tu sois là à côté de moi, comme j’aimerai qu’un tel moment dure … une éternité !

Petit lapin réconforté qui comprend que jamais, de ma part, tu n’auras à souffrir, qui t’allonge sur moi de tout son long et me couvre de ses larmes tout autant que de ses baisers chastes sur mon visage, qui croise ton regard dans le mien, qui y lit comme en un livre ouvert…

Nos yeux qui se ferment, nos lèvres qui se cherchent et se trouvent… ce premier baiser d’amour que nous échangeons, mes mains qui s’égarent sur la surface de ton dos, de tes fesses qu’elles pétrissent goulûment, nos sexes qui se tendent entre nos ventres soudés, ce simulacre d’accouplement qui intensifie encore nos sensations, cette éruption qui s’apprête à jaillir de nos membres en feu, qui se répand en cataracte, projetant avec elle des effluves si grisants, si puissants, qu’ils en décuplent encore nos sens et nous mènent vers des terres lointaines d’irréalité…

Le bonheur à l’état pur, un état duquel on ne peut sortir sans éprouver toutes les réticences du monde…. Longtemps, nous restons ainsi, sans bouger, à seulement apprécier encore et encore jusqu’aux dernières, les miettes évanescentes de ce réel acte d’amour.



Il est midi passé lorsque nous décidons ensemble d’aller nous prendre une douche vivifiante pour nous sortir de cette somnolence … Autres instants de volupté où nos mains, couvertes de gel douche se font caressantes à souhait, déclenchant de nouvelles ardeurs… Et ce sexe auquel j’ai envie de goûter, ce nectar dont je ne veux plus qu’il se perde ailleurs qu’entre mes lèvres, dont je veux me rassasier à profusion, que tu m’offres généreusement en vacillant sur tes jambes, cette douce caresse que, sans hésitation, tu me rends au centuple …

À regret, il nous faut redescendre sur terre, reprendre pied dans la réalité, non sans nous promettre de repartir vers l’Olympe dans quelques heures …



Je prépare un encas, l’amour, ça donne les crocs. Sébastien dévore tout ce que je lui présente sous le nez. Il n’a pas jugé utile de réclamer ses vêtements, je n’ai pas jugé utile de me couvrir, ne fusse que d’un simple caleçon. Notre nudité est belle à voir, à contempler, à s’en repaître à profusion et jusqu’à satiété.

Je lui propose d’aller nous dégourdir deux ou trois heures en ville, même si je sais qu’il n’y aura sans doute rien d’ouvert, jour de Noël étant. Qu’importe, il accepte bien volontiers et finit par me réclamer ses vêtements sur lesquels je donne en vitesse un coup de fer à repasser. Il s’habille prestement, j’en fais de même et c’est presque bras dessus, bras dessous, comme tous les couples amoureux de la terre que nous dévalons les escaliers et que nous nous retrouvons à l’extérieur sous une température finalement bien plus clémente que la veille. Le soleil est radieux, nous aussi. La météo s’est encore trompée, pas de flocons à l’horizon.

Sur le trajet, nous échangeons quelques boules de neige, nous prenons à parti quelques gamins qui traînent leurs savates dans le coin, heureux que l’on s’occupe un peu d’eux, puis, ô bonheur, un troquet ouvert, où nous allons nous réchauffer un moment en dégustant un merveilleux cappuccino, un vrai de vrai avec la chantilly, et nous empiffrer de quelques succulentes pâtisseries.

Si cette journée ne pouvait jamais se terminer …


Plateau repas devant la télé, collés l’un à l’autre comme s’il nous était devenu complètement insupportable d’avoir le moindre centimètre de distance entre nous.

Le programme est à chier, comme d’habitude !! Alors je sors un DVD enregistré sur les conseils avisés d’un vieil Ami, Julien, «l’histoire sans fin» comme pour prolonger le réel par le virtuel. Un régal !!

Pas question de refaire le lit d’appoint sur le canapé. Sébastien s’installe d’autorité dans mon lit … Notre lit ??!! Quelques minutes d’hésitation … Oserons-nous repartir dans nos délices du matin ? Dois-je prendre l’initiative ? Sébastien semble le souhaiter… Et puis … ne nous le sommes-nous pas promis ?

Alors, à bas ces barrières que nous impose cette société de merde qui ne fait que si peu cas de l’Amour, qui joue les vierges effarouchées quand il s’agit d’un Amour « hors norme» quel qu’il fut, parce que le verbe « aimer » est de trop dans le vocabulaire courant, qu’il n’y a pas sa place car il suppose une puissance telle qu’il dérange, qu’il perturbe, qu’il fait peur depuis l’antiquité … Les amazones, fortes de l’amour qui les unissaient les rendaient si tant redoutables à leurs ennemis … les grecs qui magnifiaient l’amour entre garçons et adultes les rendaient tout aussi redoutables …

Rien n’a changé dans notre société basée, pour l’essentiel, sur le seul pouvoir de l'argent et d'une pudibonderie tellement mal placée !!

Alors, pour dépasser cela, pour le transcender, pour l’exorciser, je veux que ce verbe prenne, une fois de plus, tout son sens originel. Mes doigts, mes mains, mes bras, tout mon corps, participent de ce projet fusionnel … et Sébastien y répond de si admirable façon qu’il m’est impossible, impensable même, de le décevoir.

Cette soirée est la nôtre, complètement la nôtre, elle va nous mener au-delà de ce que nous ne pouvions même imaginer il y a seulement 24 heures.

Fusion des sens, fusion des corps, fusion d’un Amour impensable, inconcevable, mais si tant extraordinaire que nous ne puissions concevoir, au terme de ce que nous sommes en train de vivre, qu’il ne fut pas possible. Une nuit au cours de laquelle, il ne sera place qu’au seul bonheur, ou seul l’instant présent vécu au plus intense n’a d’importance, sans nous soucier de ce qu’il adviendra demain.


Ce 26 décembre nous rappelle pourtant aux dures et intangibles réalités. Ce que nous venons de vivre durant presque 48 heures a été si émotionnellement soutenu que c’est un véritable crève-cœur que d’essayer, ne serait-ce qu’un instant, d’appréhender la réalité et ses suites… incontournables.

Sébastien ne peut demeurer avec moi éternellement, il ne peut être, au moins deux années durant, le proscrit, l'emmuré pour protéger cet Amour que nous souhaitons tant défendre et affermir. Il a cette lucidité d’esprit de dire, non pas qu’il faut y mettre un terme, ce dont il ne se résout pas et moi non plus, mais de l’aménager différemment.

Après discussion, il se décide finalement à appeler son père et le mettre en quelque sorte, au pied du mur : soit il change radicalement de comportement vis-à-vis de lui, soit il disparaît à tout jamais de son existence, le reniant irrémédiablement comme géniteur.

Sa décision est ferme et mûrement réfléchie. Les conditions pour un retour à la maison : qu’il le laisse vivre sa vie comme il le souhaite, avec qui il le souhaite, qu’il n’y ait aucune question de posée sur ces huit jours écoulés, que les flics soient tenus à l’écart de tout cela et qu’il accepte que moi, qu'il ne connait pas, j’intervienne dans son existence en qualité de « tuteur ».

Le coup de fil passé, le père semble accepter les conditions non négociables et imposées par Sébastien. Fort de son accord, il me demande si je peux le ramener jusque chez lui. Bien qu’il m’en coûte énormément, à lui aussi sûrement, nous prenons le chemin du retour.

Nous trouvons son père, assit au salon, le regard vissé sur la télévision. Trône devant lui une tasse à café, signe qu’il ne semble pas avoir bu plus que de raison. Il se lève et nous accueille avec prudence, sachant l’équilibre instable et la volonté de son fils inflexible.

Il lui promet de changer, d’être le père qu’il n’aurait jamais du cesser d’être au départ de sa femme, lui demande de lui pardonner son attitude abjecte et l’assure de ce qu’il accepte sans réserve, même s'il n'en comprend pas vraiment le pourquoi, le fait que j’intervienne dans sa vie.

Et pour fêter ces retrouvailles, il nous invite au resto. L’avenir dira si son père tiendra toutes ses promesses. En attendant, il est décidé que Sébastien passera désormais toutes ses vacances chez moi. Rendez-vous donc en février prochain pour, je l’espère, 15 jours de pur bonheur.

Sur le chemin de mon retour à la maison, seul, je ne peux m’empêcher de me repasser en mémoire cette dernière phrase prononcée par Sébastien juste avant que je ne démarre :

« Tu es ce qu’il m’est arrivé de mieux dans ma vie, je t’aime et te demande d’être patient car, lorsque je serai majeur, bientôt, c’est avec toi que je veux faire ma vie entière !! Jure-moi que tu sauras m’attendre !
- Je te le jure… mon Amour ! »

FIN

 

Signé : Maxime Desrochers

maxime_desrochers@hotmail.fr

Lun 7 nov 2011 3 commentaires
un tres beau recit une histoire emouvante
romain57 - le 07/11/2011 à 11h54

Je l'ai beaucoup appréciée, et je suis rave de voir que les lecteurs aussi !

Sophie de R.
tres beau texte, plein d'espoir et de volupté.
kei - le 08/11/2011 à 14h53

J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire....

Sophie de R.
histoire d'amour et de tendresse, bien écrite, à la limite car l'un des deux est mineur ce qui n'enlève rien à la beauté de cette histoire
brunobi@ - le 09/11/2011 à 20h52

En effet, mais vu que son caractère sexuel n'est pas mis particulièrement en avant, je l'ai publiée ainsi....

Sophie de R.