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  • : Les Mémoires très Libertines de Sophie, Marquise de R. Je vous livre mes mémoires érotiques, mes rêves, mes fantasmes très débridés que je vous invite à partager dans ce blog. Je compose aussi mes propres récits, selon mes fantasmes les plus intimes.
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  • Sophie de R.
  • Les Mémoires Libertines de Sophie de R.
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  • J'aime la vie et ses plaisirs, surtout ses plaisirs libertins... Qu'existe-t-il de meilleur que de faire l'amour ? Rien, selon moi !

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Bises libertines,
Sophie

J’avançais dans la rue Saint-Denis alors que l’obscurité allait croissant. Il était un peu plus de dix-sept heures, et en ce soir de réveillon, même les putes avaient fermé boutique pour aller fêter Noël avec leurs proches. J’avais dans mon sac à dos deux paquets d’escalopes de dinde du supermarché avec des conserves de petits pois-carottes et des paquets de chips en accompagnement. Pour nous, Noël, ça allait être ça : mon père venait de se faire licencier pour restructuration de l’entreprise due à la crise et ma mère travaillait comme secrétaire à mi-temps. Et fêtes de fin d’année ou pas, il fallait se serrer la ceinture plus que jamais. Le faste et l’opulence, ce n’était pas pour nous.

Je rentrais du coup avec le festin du soir en marchant assez rapidement. Le quartier était assez glauque et je voulais vite rentrer. La perspective de me faire aborder par une vieille prostituée ne m’attirait pas vraiment.

Ce qui, évidemment, ne manqua pas d’arriver. Je ne sais pas d’où elle sortait, je ne l’avais pas vue venir. Je ne sais pas pourquoi elle bossait ce soir encore, ce n’était pas aujourd’hui qu’elle trouverait des clients, même les bons pères de famille adultérins restent chez eux un soir de réveillon.
« Hé mon biquet ! Joyeux Noël ! »

Je la regardai. Elle était vraiment dégueulasse. Un âge indéfini mais compris entre 45 et 60 ans. Un maquillage outrancier appliqué sur son visage avec un pinceau à colle. Des lèvres, sur lesquelles elle avait mis un violet vulgaire, qui avaient du être charnues à une époque mais sur lesquelles la couleur ne tentait que de dissimuler les croûtes. Ses collants filés devaient être aussi vieux que son métier, et l’espèce de piteuse doudoune qu’elle portait pour se protéger du froid rendait ses formes disgracieuses encore plus épaisses qu’elles ne l’étaient déjà. C’était bien ma veine.
« Joyeux Noël à toi aussi », lui dis-je poliment en interrompant ma marche.


Elle m’avait tellement surpris en apparaissant, que j’avais carrément stationné pour considérer le spectacle de sa silhouette ravagée. Elle s’approcha plus près de moi et sourit. Ses lèvres craquelées s’étirèrent douloureusement pour laisser apparaître une dentition incomplète. Elle avait le regard rieur mais pas moqueur.
« Moi c’est Marie-Jo, fit-elle simplement. Et toi c’est quoi ton p’tit nom?
- Thomas.
- T’as quel âge, Thomas ?
- 20 ans.
- Et tu rentres chez toi pour fêter Noël ?
- C’est ça. »

 
J’essayais de m’en débarrasser pour pouvoir rentrer chez moi au plus vite. Je n’avais pas envie de tenir la conversation avec une putasse esseulée un soir de réveillon. La vieille me regardait avec insistance. Ses yeux, agrémentés d’un trait noir épais et débordant, respiraient l’envie, mais pas la lubricité.
« T’es beau et bien bâti mon chéri. Avec des beaux bras et un beau visage. Tu sais, je te demanderais bien un service mais il faudrait que tu viennes dans ma piaule. »


Je la regardai comme pour savoir si elle était vraiment sérieuse. Elle l’était. Je lui dis que ce n’était pas une bonne idée. Il était hors de question que je foute les pieds dans la chambre d’une pute, je ne savais pas ce qui allait m’arriver !

Mais elle me lança alors un regard triste et plein de sincérité que je n’aurais pas cru capable de sortir de ses yeux. De la vulgaire harpie qui s’était catapultée sur mon chemin ne restait plus qu’une pauvre vieille abandonnée de tous au milieu de la grande ville. Sa voix se mua en une voix implorante et presque fluette, bien loin de la voix grave et assurée de virago dont elle avait fait preuve en m’abordant. Elle me dit :
« S’il te plaît, viens parler avec moi, juste cinq minutes, tu seras pas en retard. Ca me fera un peu de compagnie pour ce soir, je suis seule. »



J’étais bien emmerdé. Ce n’est pas une proposition que tu peux refuser quand on te la fait sur ce ton là. Cette vieille salope, c’était pas parce qu’elle avait sucé plus de queues dans sa vie qu’il n’y a de secondes en une heure, que c’était pas un être humain. Alors sans trop savoir pourquoi je changeais d’avis aussi facilement, et sans trop savoir où cette expérience délicate allait m’emmener, je la suivis. J’allais parler cinq minutes avec elle, ça serait ma BA de la journée.


Marie-Jo, ravie, me conduisit par une ruelle adjacente à une petite cour. Elle poussa une porte et monta un petit escalier très étroit. Arrivé à l’étage, elle me fit entrer dans son antre. Ca ressemblait à une loge de comédienne. Il y avait contre un mur un grand miroir entouré d’ampoules qui attirait l’attention. La pièce était sommairement meublée : il y avait un lit dans un angle, une petite table avec une chaise contre le mur du miroir. Les draps et les rideaux de la pièce étaient couleur rose sale, comme s’ils n’avaient plus vu une eau savonneuse depuis des années. Régnait à l’intérieur de sa piaule un mélange d’odeurs de sueur, de sexe et d’encens froid. J’étais écœuré par ces effluves et regrettais déjà d’avoir cédé à ses supplications.

« Tu sais, dit-elle après que je m’étais assis sur la chaise, la plupart de mes clients, ce sont des vieux porcs qui fantasment sur les vieilles. C’est franchement pas très excitant mais faut bien gagner sa vie hein ? Ca fait des années que j’ai pas baisé avec un jeune.
- Ca ne doit pas être facile tous les jours, répondis-je sans trop savoir quoi dire. »

 
J’avais accepté de venir là mais j’avais envie de déguerpir. Je ne sais pas pourquoi j’avais dit oui. Alors je me contentais de laisser la vieille parler, de me raconter ses malheurs, les petites expériences de sa vie professionnelle. Cette femme avait simplement besoin d’engager la conversation un moment et d’être regardée avec plus de considération. N’empêche qu’elle ne s’aidait pas. Elle était vraiment laide et habillée comme un sac. Son maquillage grossier montrait bien son métier. Sans lui, on l’aurait prise pour une clocharde.
« Thomas, dit-elle au bout d’un moment, j’aimerais te demander un petit plaisir.
- Un petit plaisir… fis-je circonspect. J’avais peur de comprendre.
- Tu sais, j’ai pas vu des hommes aussi beaux que toi depuis bien longtemps, et c’est pas donné d’en voir par ici.
- …
- Tu crois que tu pourrais me montrer ton torse ? »

Je la toisai dans les yeux, incrédule. Je me fous pas à poil devant une radasse moi, je ne veux pas qu’elle me saute dessus. La charité ça a des limites, d’ailleurs, faut que j’y aille ! T’as perdu la boule ma vieille !
« Non, d’ailleurs ma famille doit m’attendre et je dois y aller. Tu, euh… Vous… je pars, dis-je en me levant brusquement.
- Oh s’il te plaît, ne te sauve pas ! Je vais pas te toucher ou te forcer à faire des trucs que tu ne veux pas, je ne suis pas comme ça. Je voudrais juste regarder tu sais, et juste ton torse, je te demande pas de me montrer ton oiseau. Je veux juste admirer ton corps quelques secondes… »

Elle avait de nouveau des trémolos dans la voix et le regard qu’elle me lança à ce moment-là était à vous fendre le cœur. Elle paraissait tout à fait inoffensive et je ne pus me résoudre à la planter. Je me dis qu’après tout, si elle ne me touchait pas, je pouvais bien lui faire plaisir en lui montrant le fruit d’années de travail à la piscine. Je ne savais pas du tout ce qui était en train de me passer par la tête. J’hésitai encore un moment et je retirai mon haut pour lui faire contempler mes pectoraux finement sculptés et mes abdominaux subtilement dessinés. On peut bien être fier de son corps !


Elle contempla avidement ma physionomie et un sourire se dessina sur ses lèvres violettes et fissurées. Elle était heureuse comme une petite fille qui vient de voir que ses parents lui ont offert pour Noël la poupée qu’elle convoitait par dessus tout. D’abord, elle me dévora du regard pendant plusieurs secondes. Puis elle s’approcha.


Moi, je n’en revenais pas d’avoir osé faire ça, mais au vu de son attention, elle paraissait absolument enchantée, revenue aux années les plus palpitantes de sa vie où elle pouvait donner et recevoir de l’amour de la part d’hommes séduisants. Un passé aujourd’hui définitivement révolu, mais dont elle gardait la nostalgie, consciente qu’elle était de ce qu’elle était devenue. Et ce plaisir de la voir retrouver sa jeunesse par le regard, je ne pouvais me résoudre à le lui retirer.


Elle était de plus en plus proche de moi. Elle approchait lentement, comme hypnotisée. Je l’étais aussi de la voir faire : son regard était posé sur mon torse, mais il était vide, comme si soudain la vioque était partie dans un monde parallèle. Je la regardais venir de plus en plus près de moi. Elle leva sa main droite en tendant son index vers le centre de mon thorax. Son doigt était aussi tout ridé, son ongle un peu de travers comme  le sont les ongles des femmes âgées, usés par les vicissitudes de la vie et les tâches ménagères.

Elle pose l’empreinte froide de son index sur moi. Ce contact me fit frissonner. Elle regardait toujours mon torse, je la regardais faire. Elle dessina un « N » avec son doigt qui contourna mon pectoral gauche.

Puis, de retour à la réalité, elle retira brusquement son doigt comme si elle avait été prise en flagrant délit, et se recula.
« Merci Thomas. Tu ne peux pas savoir à quel point ta gentillesse m’aura fait du bien, dit-elle d’une voix rauque et étrange. Tu es quelqu’un de bien et tu seras récompensé pour ces quelques instants où tu as cédé au caprice d’une femme comme moi. Va retrouver ta famille maintenant. Joyeux Noël ! »


Sans trop savoir quoi lui dire, je me rhabillai, lui souhaitai rapidement de joyeuses fêtes, récupérai mon sac et me hâtai vers la maison.

En arrivant chez moi, je fus bien en peine au moment d’expliquer à mes parents où j’avais bien pu trouver l’argent pour acheter une superbe dinde de dix kilos, du foie gras, des marrons, un riche assortiment de pommes de terres, d’oranges et autres légumes, du poisson. Ma mère me demanda d’un air lourd de reproches si j’avais volé tout ça, mais je lui assurai que non. Je me posais moi-même la question de ne pas avoir remarqué que mon sac était devenu beaucoup plus lourd et beaucoup plus large….


Nous passâmes malgré tout un réveillon magnifique avec mes parents et mes frères et sœurs, en profitant de ce que nous avions reçu comme un cadeau du ciel. Après les fêtes, mon père retrouva du travail et ma mère eut une augmentation, ce qui nous rendit la vie plus facile pour la nouvelle année.

Je retournai quelques temps après rue Saint-Denis pour savoir ce qu’était devenue Marie-Jo. Mais si je retrouvai la chambre où elle m’avait emmené, je ne trouvai à la place qu’une pièce abandonnée. On me dit qu’elle n’avait pas été rénovée depuis des années et que personne n’y allait jamais. Du reste, personne ne semblait connaître Marie-Jo. Elle avait disparu, ou n’avait simplement, jamais existé.

 

Maintenant, je le sais : la nuit de Noël, tout est possible !

 

Mappy 61

Par Mappy 61 - Publié dans : Vos contributions - Communauté : Les libertins des Antilles
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