Sophie, marquise de
R.
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Sophie
Elles sont 3 404 femmes, hétérosexuelles, mariées ou pacsées, vivant en couple. Elles ont entre 15 et 80 ans avec un âge moyen de 35 ans et ont livré par écran interposé ce qu'elles ont de plus intime : leur sexualité. Comme l'avaient fait avant elles quelque 2 000 hommes (Le Monde daté 20 juin 2011).
Un an après la publication de son enquête Les Hommes, le sexe et l'amour (Les Arènes, 2011, 400 p., 20 euros), Philippe Brenot, psychiatre, sexologue et président de l'Observatoire international du couple, s'est intéressé à la sexualité des femmes.
Il leur a posé environ 200 questions. Le bilan de cette enquête vient de paraître chez le même éditeur, sous le titre Les Femmes, le sexe et l'amour. Trois cents pages didactiques, truffées de témoignages, commentaires et statistiques, que son auteur destine aux femmes mais dont il conseille la lecture à leurs compagnons. Histoire d'apprendre nos différences et de moins fabuler sur les désirs de l'autre sexe. Car "c'est pour cela que les hommes et les femmes ne se comprennent jamais", rappelle dans son ouvrage Philippe Brenot, reprenant ce qu'écrivait Françoise Dolto dans Lorsque l'enfant paraît (Le Seuil, 1977).
Parmi les témoignages recueillis, celui de Lucie, 23 ans : "J'aime le sexe torride et les sentiments s'exprimant par des mots et de la tendresse."
Karine a 28 ans. Elle dit : "J'aime être prise entièrement, livrer mon corps à mon compagnon, j'aime qu'il me voie perdre la tête sous ses caresses."
Ce qui plaît à Anaïs, 46 ans ? "Alterner le sexe tendre et bestial."
Quant à Laurence, 30 ans, elle confie : "J'aimerais vivre plus intensément nos unions sexuelles."
C'est la première leçon de cette enquête : les femmes sont libres.
"Elles parlent plus facilement du désir, du plaisir, de leurs pratiques individuelles, elles vivent leur sexualité plus ouvertement. C'est une immense évolution."
Les femmes parlent sans réserve de vibromasseurs, de sex-toys, de leurs fantasmes, pratiques et préférences... Et cela, toutes générations confondues, mêmes celles qui ont vécu les années qui les ont conduites de la libération à la liberté. Elles osent tout dire, y compris qu'elles voudraient bien éprouver davantage de plaisir...
Et voilà la deuxième leçon de l'enquête de Philippe Brenot : malgré cette évolution, le plaisir n'est pas toujours au rendez-vous. Si 74 % des femmes disent éprouver facilement du désir et du plaisir, seulement 16 % atteignent systématiquement l'orgasme, 55 % souvent, 21 % rarement et 5 % jamais.
Quant au premier rapport sexuel, il est loin, pour les femmes, de figurer au panthéon de la jouissance. Quand, la première fois, 76 % des hommes ont un orgasme, les femmes disent pour 42 % d'entre elles que "cela s'est bien passé"... Une formule bien vague.
Pour les autres, les premiers ébats ont laissé un mauvais souvenir...
"C'est douloureux parce que la toute première fois est un moment idéalisé, c'est alors une désillusion qui pourra, pour un tiers des femmes au moins, avoir des répercussions sur leur vie sexuelle", précise le psychiatre. D'autant, poursuit-il, que "le plaisir agit comme un vrai terrorisme. Dans ce registre de la performance, avec une exigence de l'orgasme à tout prix, elles se sentent coupables de ne pas jouir avec l'homme qu'elles aiment, de ne pas faire partie de ces femmes épanouies que la presse féminine évoque souvent. Cela leur donne des complexes".
Plus préoccupant : que les femmes ne jouissent pas constitue de plus en plus un facteur de divorce ou de séparation, affirme Philippe Brenot car, précise-t-il, les hommes veulent aujourd'hui que leurs compagnes soient satisfaites.
La masturbation ne suscite plus guère de culpabilité. 68 % des femmes disent l'avoir déjà pratiquée. Une donnée indispensable pour apprendre et se construire une sexualité épanouie, estime le psychiatre sexologue.
"C'est par l'autoérotisme que la femme va être capable de s'accorder avec un partenaire et de pérenniser la relation qu'elle a avec son compagnon. Or, les femmes se posent la question de savoir si elles peuvent se masturber quand elles sont en couple !"
Reste que 26 % ne la pratiquent qu'une fois par mois, 15 % jamais.
Quant à savoir ce qui suscite le désir des femmes, l'enquête évoque rêves, attentes et fantasmes, autant de pensées "stimulantes, voire nécessaires à une sexualité épanouie", selon le sexologue. Elles sont nombreuses à avouer qu'elles en ont.
Qu'aiment-elles chez leur partenaire ? Elles répondent en priorité sa gentillesse et ses attentions. Car le désir, présent chez toute femme, est freiné par l'agressivité ou la brusquerie masculine, par la mauvaise humeur et tout comportement un peu brutal ou indélicat. A contrario, la gentillesse, la tendresse et les attentions, en conduisant la femme dans un état de détente propice à l'excitation sexuelle, favorisent l'épanouissement de la sexualité.
"En général et exception faite des cas de troubles sexuels, un jeune homme de 20 ans a une érection en dix secondes. Ce n'est pas le cas de la femme, qui a besoin des caresses et de la tendresse, pour laisser le temps au désir de s'installer. Ce ne sont ni caprices ni lubies mais une réalité de l'intimité féminine. Il y a donc là une vraie différence entre les deux sexes que les hommes - et les femmes - doivent considérer", souligne Philippe Brenot.
Bonne nouvelle : à en croire l'enquête, les jeunes femmes ont des partenaires plutôt plus tendres, doux, respectueux que leurs aînés et davantage à l'écoute de leurs désirs.
Quelques chiffres :
Amour, fidélité, sexe et sentiments
58 % des femmes se disent très amoureuses de leur partenaire (contre 92 % des hommes vis-à-vis de leur compagne).
56 % des femmes pensent que sexe et sentiments ne sont pas forcément liés.
Pour 86 % des femmes, la fidélité est importante. Pour 44 % d'entre elles, il est impossible de pardonner l'infidélité.
42 % des femmes ont le sentiment de ne pas être comprises par leur compagnon.
76 % : des femmes ont besoin d'indépendance dans le couple.
Auteur : Mélina Gazsi pour le journal Le
Monde.
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